Ils étaient tout d’obligations !
Tôt le matin, on se levait pour aller communier à six heures ou six heures et demie car, à cette époque, il fallait être à jeun depuis la veille à minuit pour recevoir la communion. On redescendait donc pour déjeuner. Celle qui «gardait» (chargée de faire le dîner pendant la messe) allait à la messe matinale à sept heures en été et à sept heures et demie de la Toussaint à Pâques.
On remontait donc à l’église pour la grand-messe de neuf heures et demie. L’office chanté en latin durait une heure et demie environ. Papa faisait partie des chantres et nos grandes soeurs du choeur mixte. Celle qui avait «gardé» avait balayé la chambre nettoyée à fond la veille, préparé le dîner et «mis la table» au moment de notre retour de l’église.
On se mettait à table. Le menu se composait presque invariablement de jambon et saucisson, pommes de terre et légumes de saison : choux, haricots, pois, épinards. Ce n’était qu’en hiver, au moment de «bouchoyer», qu’on avait du filet rôti, de la saucisse à rôtir.
On ne perdait pas de temps puisqu’on remontait à l’église pour les vêpres de treize heures trente. On y chantait les psaumes en latin. La cérémonie se terminait par la bénédiction du Saint-Sacrement et le «Tantum Ergo».
Aux mois de mai et juin, on gravissait encore une fois la colline pour les prières du «mois de Marie» en mai et les complies en juin. Chaque trajet aller et retour prenait vingt minutes à pied. Faites le compte ! Après tant d’heures passées en lieu saint, si on n’a pas droit à une belle loge en paradis, c’est qu’il n’y a pas de justice !