Paul était un fervent braconnier ! Dès que la nuit tombait, on le voyait souvent se diriger vers Chèpey, son fusil démontable dissimulé sous son paletot de «frotson» (de laine). Je crois bien que nous, les petites, nous tremblions pour lui, on avait tellement peur qu’il se fasse «piquer» par le garde-chasse. Tous les anges gardiens devaient l’accompagner car, jamais il n’eut à confesser sa faute.
Un soir pourtant, il fut victime d’une terrible méprise. Il devait faire très sombre déjà, quand il aperçut dans un fourré un «pèla» (renard). Il visa, mais quelle ne fut pas sa stupeur une fois le coup parti, de voir venir vers lui le renard qu’il avait cru tirer… Hélas, ce n’était pas un renard, mais sa pauvre Finette, sa fidèle compagne de braconnage qui, le train arrière criblé de plomb, vint s’affaler à ses pieds. Pour Paul, ce dut être effroyable. Il rentra à la maison portant Finette dans ses bras. On la coucha à l’écurie, on fit une attelle pour sa jambe mutilée. Je vois encore ses beaux yeux de Teckel implorant de douleur et de tristesse. Le lendemain, Paul dut se résigner à abréger ses souffrances. Quel triste souvenir !