Auguste, le papa, mourut d’un cancer de la gorge. Séraphine, la maman au visage angélique, était toujours longue vêtue, de gris ou de noir. Marie, sa soeur appelée La Samaritaine, allait soigner les malades du village, posant des ventouses par-ci, faisant des piqûres par-là. Il flottait toujours une odeur d’alcool et de pharmacie autour de sa personne. Alphonse, le tailleur, boitant d’une jambe, chantant si bien «Les bois sont tristes et solitaires», «Le temps des cerises». Louis fut tué tragiquement à la Grande Dixence, écrasé par un rocher après deux ou trois jours de travail. Jean avait les pieds si plats qu’il marchait comme un canard… Adrien et Albert, blonds et roux, étaient nos camarades d’école. Emma, très blonde et très douce, avait un teint de lait. Agathe, de par son prénom, évoquait pour nous le jeu de «polètse» (billes en terre cuite). Lucie, la benjamine, était une excellente pilote pour nos descentes d’école en luge. J’ai dû oublier Marie-Thérèse et Cécile déjà mariées à l’époque de mon enfance.